Les Cycles de la Vie Orignal

Il y a des jours où l’on peut sentir l’esprit vivant qui habite toutes les choses; l’eau, les pierres, les plantes et les animaux. C’est comme si la nature se révélait instantanément. Ces moments éphémères sont précieux. C’est un moment où il est possible de se donner et de s’abandonner au rythme de la vie.

Attendre dans le calme qui enveloppe un lac permet alors de capter quelque chose qui flotte dans la brume. C’est comme si le Grand Esprit avait créé la vie devant nos propres yeux. C’est l’histoire de Lgwetu, la mère orignal que je vais raconter.
Tout commence en septembre, le temps où les orignaux appellent la lune. Lgwetu devrait avoir un petit à ses côtés à ce temps de l’année, mais elle est seule. Un ours noir a tué son petit, mais elle a la chance de devenir de nouveau mère. Son aventure difficile est sur le point de commencer.
Les mâles et les femelles orignaux mènent leur vie séparément, sans se voir. Cela fait maintenant onze lunes que Lgwetu n’a pas été courtisée. Pourtant en ce début septembre, le comportement des gros mâles a complètement changé. Gisigu est le mâle dominant des parages. Comme tous les autres membres de son espèce, il porte un nouveau panache à ce temps-ci de l’année. C’est ce qui se passe à toutes les années, il en pousse toujours un nouveau. Le velours, qui recouvrait et qui a nourri pendant cinq mois les bois de l’animal, s’effrite graduellement. Le panache est majestueux et solide. Il s’agit de l’arme idéale pour chasser les compétiteurs. D’ici quelques jours, Gisigu cessera soudainement de manger. En ce moment, il ne peut laisser ce riche velours se faire gaspiller.
Habituellement, Gisigu se déplace silencieusement dans la forêt, mais en ce moment c’est la saison des accouplements. Le rut des orignaux est commencé.
Lgwetu est à la fois curieuse et inquiète devant ce grand mâle. Elle le sent qui s’approche lentement. De son côté, Gisigu doit découvrir à quel moment elle sera prête à s’accoupler avec lui.
Pour tous les animaux, le moment clé de la conception est une question de vie et de mort. Si Lgwetu donnait naissance à son petit trop tôt au printemps, il pourrait mourir de faim. S’il vient au monde trop tard, il ne sera pas suffisamment développé pour survivre à son premier hiver. C’est pour cette raison que Lgwetu doit concevoir exactement son petit au moment idéal. Jusqu’à la prochaine lune, elle sera réceptive au cours d’une seule journée. Gisigu doit donc être près d’elle à tout moment et il doit attendre patiemment sa chance. La parade nuptiale testera la puissance de la volonté du grand mâle tout en mettant à l’épreuve la patience de Lgwetu.
Dix jours viennent de passer. Lgwetu et Gisigu ne se sont pas encore accouplés. Le mâle passe beaucoup de temps à démolir la végétation autour de lui, cherchant à impressionner la femelle et de signaler aux autres orignaux qu’il est maître du territoire. Comme tous les autres gros mâles de son espèce, Gisigu ne mangera pas pendant les deux premières semaines du rut. En même temps, il s’imprègne d’un pouvoir d’attraction qui est irrésistible aux femelles.
Plusieurs fois par jour, il creuse un trou peu profond. Il pisse dedans à chaque fois que Lgwetu s’approche de lui. Aussitôt qu’il a fini, Gisigu éclabousse l’urine mélangée à la boue. Il s’imprègne de cette odeur musquée.
Ensuite, il s’approche de Lgwetu, excitée. Elle essaie de se recouvrir de ce parfum particulier. En se roulant dans le trou creusé par le gros mâle, cela permettra à Lgwetu de se préparer en vue de la conception quand arrivera le moment idéal. Par contre, la forte odeur de Gisigu attire d’autres mâles qui rôdent autour du couple. Lgwetu ne veut pas être dérangée par d’autres orignaux et elle déteste particulièrement la présence d’autres femelles en son voisinage.
Les plus jeunes mâles qui ne peuvent produire l’odeur musquée de Gisigu pourraient s’emparer des pouvoirs du mâle dominant. Si le chef du lieu rencontre un adversaire dans son trou, cela signifie qu’il y aura des problèmes. Pourtant, cette fois, ce n’est pas Gisigu qui les chasse mais bel et bien une jeune femelle très persistante. Lorsque Lgwetu empêche la jeune femelle de s’approcher trop près du mâle dominant, cette dernière en profite pour se vautrer au trou de Gisigu. Entre-temps, Lgwetu permet au gros mâle de s’approcher d’elle.
En retournant sa lèvre, Gisigu est capable de détecter qu’il devra attendre quelques jours de plus pour le moment tellement désiré. Les jeunes mâles qui rôdent autour dérangent beaucoup. Gisigu doit constamment faire la preuve de sa domination. Habituellement, il suffit au gros mâle de lever son panache pour éloigner les adversaires trop intrépides. Si un mâle moins gros que Gisigu voulait les faveurs de Lgwetu, il lui faudrait se battre risquant de se blesser ou risquant même la mort. Aujourd’hui, l’intimidation de Gisigu suffit à éloigner les adversaires.
Il semble que c’est Gisigu qui aura l’opportunité de s’accoupler avec Lgwetu, mais l’accouplement se déroule en une seule journée. C’est une journée inhabituellement chaude pour la fin septembre qui changera le scénario. Fatigué de pourchasser les autres mâles, Gisigu a extrêmement chaud. De temps en temps, il doit se rafraîchir à l’ombre des arbres, ce qui fait qu’il n’est pas toujours aux côtés de la femelle.
Pendant que le chef de la forêt se repose et qu’il oublie la femelle, les jeunes mâles cherchent à s’attirer les faveurs de Lgwetu. Les orignaux peuvent s’accoupler dès l’âge de 15 mois, mais les mâles ont rarement l’opportunité de rencontrer une femelle avant d’avoir cinq ans. Aujourd’hui, la chance est du côté du jeune mâle. Lgwetu est prête à s’accoupler avec n’importe quel mâle. Si elle ne s’accouple pas aujourd’hui, il lui faudra attendre trois semaines avant qu’elle ne soit de nouveau réceptive. Il pourrait être trop tard. Alors que la parade nuptiale exige plusieurs semaines d’efforts, l’accouplement ne dure qu’un bref instant. Un rien et c’est une nouvelle vie qui commence.
Gisigu a raté sa chance avec Lgwetu. Il devra se lancer à la recherche d’une autre partenaire. Le temps joue contre lui. À ce temps-ci de l’année, la plupart des femelles se sont accouplées et d’ici peu celles qui attendent encore le moment crucial pour concevoir la vie trouveront d’ici peu leur partenaire.
Lgwetu et le jeune mâle vont chacun leur chemin. Pour la femelle, la saison des amours est terminée. Elle doit maintenant trouver la nourriture nécessaire qui la fera suffisamment engraisser pour être capable de nourrir le petit qu’elle porte, tout en lui permettant de traverser les rigueurs de l’hiver qui ne sauraient tarder.
Février, c’est le temps où la neige efface la lune. Il est difficile de croire que la vie peut se développer par une température pareille. Pourtant, à chaque jour, la vie grossit dans le ventre de Lgwetu qui porte son petit depuis quatre mois maintenant. Il lui en reste encore quatre à traverser. Dans de telles conditions difficiles, elle pourrait mourir de faim. Pourtant, elle parvient à trouver la nourriture dont elle a besoin pour vivre, même si la végétation d’hiver est difficile à digérer et ne réponds pas à tous ses besoins alimentaires. L’épaisseur de la neige lui rend aussi la vie très difficile. Il lui faut beaucoup d’énergie pour se déplacer afin de trouver sa nourriture. Lgwetu perdra beaucoup de poids si elle parvient à survivre. Un orignal sur trois meurt en raison de la rigueur des hivers de la région.
Lgwetu doit conserver ses forces et son énergie. Alors, elle limite ses déplacements au minimum. Contrairement aux renardes, des voisines très actives, les orignaux portent leurs petits pendant huit mois. Les renardes rousses donnent naissance à leurs petits après cinquante jours. Afin de permettre aux renardeaux d’avoir de meilleures chances de survie au printemps, les renards s’accouplent durant les mois les plus froids de l’hiver. Parfois, durant l’accouplement, les renards restent liés l’un à l’autre pendant un bon bout de temps. Cela accroît ainsi les chances de conception de la prochaine portée. Lgwetu n’est pas la seule à lutter pour sa survie cet hiver. Seuls les plus forts, les plus rapides ou les plus chanceux assureront que la vie continuera. Au printemps, la neige commence à fondre et c’est là qu’on découvre les victimes de l’hiver. Pourtant les décès ont un sens. Un orignal mort fournit de la nourriture aux charognards, aux insectes et aux plantes. L’animal qui trouve la mort retourne à la terre qui lui a soutenu durant sa vie.
Lgwetu est parvenue à trouver suffisamment de nourriture pour traverser l’hiver. Pourtant, les dangers sont encore nombreux. Elle doit mettre bas d’ici environ une semaine. Si le petit est trop gros ou si un autre problème survient à la naissance, la mère et le petit pourraient mourir. Lgwetu s’en ira à un lieu de mise bas qui lui offre de la sécurité. Elle ira sur une petite péninsule isolée près de la rivière. C’est là qu’elle mettra au monde son veau.
Les oiseaux de la forêt naissent aussi durant la saison d’abondance. Habituellement, ce sont les mâles qui sont les plus flamboyants. Ils sont prêts à n’importe quoi pour séduire une femelle. Le truc habituel pour l’oiseau mâle est de battre des ailes souvent pour attirer une femelle dans son territoire pour ensuite la charmer. Comme pour Gisigu, ça ne fonctionne pas toujours.
Par un beau jour de printemps à la fin mai, au moment où la température se réchauffe et que le feuillage commence à colorer la forêt, le grand jour arrive. La nouvelle mère met au monde son fils Gwi’s. Elle l’accueille en lui donnant un bon bain. La mère doit effacer sa forte odeur qui pourrait attirer les ours. Après quelques minutes Gwi’s est prêt à faire ses premiers pas tremblotants. En peu de temps, il sera prêt à suivre sa mère à travers la forêt. Lgwetu devra trouver le moyen d’engraisser pour récupérer le poids perdu en même temps que produire le lait dont son petit a besoin. Cela la force à déployer encore plus d’énergies que ce qu’elle a fait pour traverser le dernier hiver. L’estomac plein, Gwi’s se repose. À partir de maintenant, la mère reste constamment sur ses gardes parce qu’elle a une vie à protéger. Sur nos terres, l’ours est le pire ennemi des jeunes orignaux. C’est pour cela que Lgwetu a choisi une péninsule isolée densément peuplée d’arbres pour mettre bas. En ce lieu, il est plus facile de cacher Gwi’s. C’est à cet endroit que le petit passera les quatre premières semaines de sa vie pour apprendre à survivre. Sa première leçon consiste à suivre sa mère le plus discrètement possible. Pourtant, c’est difficile de se concentrer alors qu’il y a tellement de distractions autour de lui.
La forêt est pleine de vie. Les plantes et les arbres s’emparent des rayons du soleil pour les transformer en nourriture pour les animaux. Tous les êtres de la forêt doivent leur vie au soleil. Les renardeaux sont nés un mois avant Gwi’s. À leur naissance, ils étaient trop petits pour s’aventurer hors de la tanière. Maintenant qu’ils ont six semaines, ils sont prêts à explorer les alentours. Ces petits animaux adorent jouer, alors ça aide les chasseurs qu’ils sont à acquérir les habiletés dont ils auront bientôt besoin pour survivre. À l’automne, les renardeaux seront prêts à vivre de façon autonome. À l’heure actuelle, ils dépendent de leurs parents pour obtenir leur nourriture. La notion de partage n’est pas forte chez eux parce que quand la nourriture arrive, c’est chacun pour soi. Gwi’s a maintenant un mois. Aujourd’hui, pour la première fois, sa mère quitte le lieu qui les a protégés depuis la naissance de son petit. Elle apporte Gwi’s à un endroit qui recèle des sels minéraux qu’il est possible de lécher. Lgwetu connaît bien cet endroit puisque c’est sa propre mère qui le lui a montré. Grâce au riche lait maternel, Gwi’s grandit beaucoup. Il deviendra dix fois plus lourd que son poids à la naissance. Les minéraux dilués dans l’eau permettront à Lgwetu de rester en santé même en produisant de grande quantité de lait. Gwi’s a rapidement appris le plaisir de lécher les sels minéraux comme lui a montré sa mère. Quand il sera adulte, il viendra seul à cet endroit. Sa mère ne sera pas toujours à ses côtés pour le guider et le protéger. Tôt le lendemain matin, Lgwetu et Gwi’s ont envie de sels minéraux. Quand ils arrivent à l’endroit recherché, ils ne sont pas seuls. Lgwetu ramène Gwi’s en sécurité avant que l’ours ne détecte leur présence. La mère raffole des plantes qui poussent dans le lac. Ces plantes, riches en minéraux, l’aident à demeurer forte et en santé. Gwi’s n’est pas encore assez grand pour pouvoir suivre sa mère dans l’eau profonde pour se nourrir. Il doit attendre sur la berge.
À quelques pas de Lgwetu, des créatures marines possèdent des rituels amoureux très particuliers. L’accouplement des « banded domiciles » est plutôt acrobatique. Le mâle attrape la femelle derrière le cou, alors que la femelle entortille sa queue autour du mâle, ce qui illustre à la perfection le symbole de la saison des amours. Les grenouilles aussi se cherchent des partenaires. Les mâles sont très persistants. Ils doivent rester accrochés au dos de la femelle pendant des heures, parfois des jours. Même lorsque Lgwetu les dérangent, les mâles ne lâchent pas prise. Ils doivent absolument fertiliser les œufs aussitôt que les femelles les pondent. Ils resteront ainsi unis tant que la ponte ne sera pas terminée.
Lgwetu s’est approchée trop près d’un nid d’oies. Les parents tentent d’éloigner la mère orignal, ce qui force les petits à se débrouiller sans surveillance. Peu de temps après, toute la famille est regroupée autour des parents. C’est une histoire qui finit bien. À mesure que Lgwetu viendra au lac, elle verra qu’il y a toujours de plus en plus de petits oiseaux. Comme pour Gwi’s, certains sont capables de suivre leurs parents dès leur naissance. D’autres ont besoin de plus de soins. Un carouge apporte de la nourriture à ses petits. Elle enlève les excréments qui pourraient attirer les prédateurs. Pendant ce temps, la priorité du père est de protéger chacun des nids de ses deux ou trois compagnes. Quand il a le temps, il aide à nourrir les petits de sa première compagne et il nettoie le nid. Quelle que soit l’espèce, les animaux de la forêt trouvent le moyen de s’accoupler à une période qui leur permet ensuite de trouver leur nourriture durant la courte saison d’abondance que nous avons. Les parents doivent maintenant travailler avec vigueur pour assurer la survie de leurs petits. Le cœur de l’été est le moment idéal pour être en santé et pour devenir fort. Les animaux profitent des longues journées pour emmagasiner de l’énergie.
Gwi’s est maintenant âgé de trois mois. Il porte maintenant une nouvelle fourrure qui le fait ressembler à sa mère. Il n’est pas encore complètement sevré, mais sa nourriture provient maintenant principalement de la forêt. Pendant les chaudes journées d’été, il reste avec sa mère, à l’ombre où il fait plus frais. Ils trouvent de l’eau et de la nourriture en quantité suffisante. Ils peuvent alors digérer leur dernier repas et se reposer paisiblement. Lgwetu et Gwi’s ont passé un été ensemble sans avoir rencontré d’autres orignaux. Pourtant, cette vie sereine tire à sa fin. Les grands mâles commencent à bouger beaucoup dans la forêt. Le rut approche à grands pas. La nourriture est toujours leur priorité, mais les mâles commencent à se croiser les uns les autres. Ils éprouvent de l’intérêt pour Lgwetu. Cette année, le mâle qui convoite les passions de Lgwetu devra tenir compte de la présence de son jeune à ses côtés. S’ils s’approchent trop du petit, il y a des chances qu’elle s’en aille avec son petit derrière elle. Plus tard, les mâles deviendront plus agressifs et Lgwetu devra enseigner à Gwi’s de rester à distance. Gisigu est de retour dans son territoire traditionnel d’accouplement. Pendant que Lgwetu élevait et protégeait Gwi’s, Gisigu a passé l’été dans des terrains riches en nourriture. Il est très puissant et le panache qu’il porte ne laisse aucun doute sur le fait qu’il sera encore une fois chef au cours de la saison des amours.
Un groupe de jeunes mâles suit Gisigu. Même s’il n’y a pas de femelles dans les parages, ces jeunes orignaux sont très actifs. Ils se jaugent et se mesurent au cours de légers affrontements. C’est leur façon d’apprendre à se battre sans subir de blessure. Durant ces jeux de durs, il n’y a pas de gagnants, ni de perdants. Même Gisigu qui n’a pas besoin de se battre, laisse à quelques jeunes la possibilité de mesurer la grandeur de son panache. Plus loin dans la forêt, Lgwetu, pour la première fois de l’année, démontre de l’intérêt envers le trou creusé par un mâle. La femelle sent l’odeur qui s’en dégage. Ce n’est pas ce qu’elle recherche. Lgwetu devra chercher pour trouver un meilleur compagnon. Le temps de l’accouplement approche. Les divers signes dans la forêt et l’odeur attirent de nouveau la femelle vers Gisigu. Afin de protéger Gwi’s, Lgwetu reste en périphérie du groupe. Gisigu procède patiemment à diverses manœuvres pour pouvoir s’approcher de Lgwetu. Gwi’s a compris qu’il doit rester au loin durant la parade nuptiale des adultes sans pour autant perdre contact avec sa mère.
Cette année, rien ne dérange le rituel amoureux. C’est devant Gwi’s que Lgwetu et Gisigu s’accouplent. Un cycle prend fin et un nouveau commence. Lgwetu ne veut plus de Gisigu et ce dernier la quitte. Cela signifie que le reste de l’année sera maintenant beaucoup plus paisible pour Lgwetu et Gwi’s. Le veau est maintenant sevré, mais il lui reste encore beaucoup de choses à apprendre s’il veut savoir comment réussir à survivre aux hivers rigoureux. Ils pourraient se retrouver dans un endroit rempli de neige et sans nourriture, ce qui les ferait sûrement crever de faim. Ils doivent donc trouver un bon endroit avec suffisamment de nourriture pour leur permettre de traverser l’hiver. Trouver cet endroit est une question de vie ou de mort. À la première lune de l’hiver, Gisigu a perdu ses bois. Il a maintenant pénétré au cœur de la forêt pour y passer l’hiver.
Entre-temps, Lgwetu a trouvé l’endroit idéal pour passer l’hiver en compagnie de Gwi’s. À cet endroit, il y a un bon mélange d’arbres. En plus, les vents d’automne ont déraciné plusieurs grands arbres. Le jeune orignal est chanceux puisqu’il a à sa disposition une bonne réserve de nourriture qui devrait suffire à l’alimenter ainsi que sa mère durant l’hiver qui s’en vient. La température est clémente et les ours noirs hibernent déjà. La mère et son jeune passeront l’hiver. Tout semble bien aller. Pourtant, le plus grand défi de Gwi’s reste à venir. Après avoir passé une année complète aux côtés de sa mère, voilà que Lgwetu ne veut plus l’avoir son fils à ses côtés. Pour la première fois de sa vie, Gwi’s se sent abandonné. Lgwetu a de bonnes raisons de pousser son petit vers l’autonomie. Elle vient de donner naissance à des jumeaux. Elle doit être seule avec ses petits pour que le lien maternel puisse se faire. À la naissance, les petits sont prêts à suivre n’importe qui, alors un grand frère pourrait les mettre en danger. De toute façon Gwi’s n’est pas du tout intéressé par ses frères. Tout ce qu’il veut, c’est sa mère. Si elle n’avait pas de veaux, Lgwetu accepterait sa présence à ses côtés. En ce moment, elle a deux nouvelles vies à protéger et Gwi’s est de trop. De toute façon, elle sait que Gwi’s peut se débrouiller tout seul. Elle n’a pas le choix de le repousser pour qu’il s’en aille.
Un mois vient de passer et une tragédie a frappé. Lgwetu a perdu un de ses petits. La petite famille a été attaquée par un ours noir. La mère a seulement pu protéger un de ses petits. Gwi’s habite toujours dans le territoire de sa mère et il continue de se rendre, à tous les jours, à l’endroit que sa mère lui a montré pour lécher les sels minéraux. D’ailleurs, ces minéraux aident les bois du jeune animal qui commencent à pousser. Aujourd’hui, quand il arrive à l’endroit habituel, il rencontre sa mère et son dernier-né. Il a toujours de l’espoir. Si la mère avait perdu ses deux petits, elle aurait repris son fils, même après un mois de séparation. Toutefois, sa priorité actuelle est de protéger la vie du tout petit. Pour une dernière fois, elle repousse délicatement Gwi’s. Le fils doit maintenant accepter son sort. Il découvre la leçon la plus difficile qui soit pour une jeune. Pour survivre, un orignal doit savoir vivre seul, par ses propres moyens.
L’automne revient au pays des orignaux. Au jeune âge de seize mois, Gwi’s apprend maintenant le rituel amoureux des siens. Lgwetu a fait du bon travail. Elle a amené Gwi’s vers l’autonomie. Un jour lorsqu’il aura sept ou huit ans, il pourrait devenir le mâle dominant du territoire. Pourtant, en ce moment, c’est toujours Gisigu qui est le chef et c’est lui, encore une fois, qui s’accouplera avec Lgwetu. L’histoire de Lgwetu est celle qui donne la vie. Durant le cours de sa vie, elle pourrait mettre bas et élever plus de vingt veaux. Elle est mère. Elle apporte l’esprit de l’orignal sur nos territoires. Ms’t no’gumaw, toute ma famille. Ils ont tous de la parenté avec vous et moi. Il faut les traiter avec le même respect que vous souhaitez recevoir. Chérissez le rapport étroit que vous avez avec toutes les choses qui vous entourent. Soyez conscients du rythme de la vie.

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Communautés: 
Listuguj
Auteur: 
Andrew Lavigne
Kathy Sorbey raconte une histoire de la vie d’une femelle originale : la recherche d’un partenaire, la gestation, la muse bas et comment elle nourrit sa progéniture.

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