La Pêche au Homard

Les Mi’gmaqs de Gespeg se sont transmis les traditions, d’une génération à l’autre, en racontant des histoires. Voici une de ces histoires, qui décrit comment les pêcheurs ont transmis leur savoir au sujet de la réparation et l’utilisation des trappes à homard.

 
Pendant l’hiver, les pêcheurs réparaient leurs trappes, en vue de la prochaine saison. Durant leur entreposage, les souris rongeaient souvent le fil des trappes. En plus, le bois brisé devait être remplacé. Les pêcheurs accomplissaient ce travail avant le début de la saison de pêche.
 
Quand les pêcheurs fabriquaient de nouvelles trappes, ils les laissaient vieillir, pendant une année. Ainsi, la couleur devenait plus sombre et le piège à homard donnait l’impression d’être usé. Si les trappes étaient blanches, le homard les voyait et il avait tendance à ne pas y entrer. En attendant une année de plus, cela rendait aussi les trappes plus résistantes à l’eau.
 
Lors de la fabrication des trappes, il fallait travailler le bois. Les pêcheurs devaient fabriquer le fond, poser les arcures (bois recourbé pour former la charpente supérieure du piège) et, finalement, attacher le filet. Ensuite, tout était cousu. Avant de jeter la trappe à la mer, les pêcheurs ajoutaient des morceaux de ciment ou encore des pierres comme lest. Aujourd’hui, les trappes sont fabriquées en métal. Ce sont des cages grillagées qui n’ont plus besoin de lest pour se poser au fond de l’eau.
 
À une certaine époque, le frêne, le bouleau jaune, le cèdre ou l’épinette étaient utilisés par les pêcheurs pour fabriquer la charpente de la trappe. Les arcures étaient faites de frêne et le fond de bouleau jaune. Pour cette dernière section, le cèdre et l’épinette étaient souvent utilisés. Le bouleau était le bois le plus recherché en raison de sa solidité et de sa résistance à l’usure. Une fois au fond de l’eau, les trappes étaient souvent ballottées par le va-et-vient des marées.
 
Les pêcheurs avaient des noms pour chacune des sections de la trappe. Il y avait d’abord la « cuisine » qui était l’endroit où le homard entrait pour dévorer l’appât. Ensuite, il y avait le « salon » où le crustacé était pris au piège. Pour se déplacer, le homard marche à reculons. Ainsi quand le pêcheur sort ses trappes de l’eau, le homard, en cherchant à s’échapper marche à reculons de la « cuisine » vers le salon où il tombe pour ne plus pouvoir en sortir. La trappe est aussi munie de petites ouvertures qui permettent aux homards de s’échapper au cas où la corde de la trappe se brise. Quand cela se produit, la corde se dissout dans l’eau, ce qui permet aux homards de s’échapper par les ouvertures conçues à cette fin.
 
Encore aujourd’hui, les Mi’gmaqs de Gespeg pratiquent la tradition de la pêche aux homards et ils continuent de la transmettre de génération en génération.